Gradation des matériaux, gradation lumineuse ? L'emploi des métaux précieux dans la peinture florentine de la fin du Moyen Âge

La peinture florentine de la fin du Moyen Âge se caractérise notamment par l’emploi abondant de métaux précieux - or, argent, étain, or-partie - sur les fonds et comme ornements. Les surfaces brunies, gravées, poinçonnées, colorées offrent au regard une qualité visuelle différente de celle des couches picturales en réfractant la lumière selon différents angles. Elles résultent de mises en œuvre nombreuses et sont indispensables à l’organisation de l’image, à sa lecture et à sa compréhension. Or, ces couches recouvertes d’or, d’argent ou d’alliage sont particulièrement sensibles au passage du temps : elles s’encrassent ou noircissent dans le cas de l’argent. Les reliefs poinçonnés perdent leur aspect grené, les détails à l’or à la mixtion disparaissent de même que les laques colorées qui les recouvrent. Notre connaissance précise de la mise en œuvre de ces métaux précieux et de leur rendu original est dépendante des restaurations des œuvres et des analyses menées en laboratoire. La consultation des rapports de restaurations et de laboratoire est donc nécessaire pour avoir une vision d’ensemble de ces objets et de leur visualité. À travers cette communication nous nous proposons de montrer comment la mise en relation de ces documents avec les œuvres telles qu’elles sont visibles aujourd’hui permet de mener plus avant l’analyse iconographique de ces œuvres. Nous nous appuierons sur plusieurs exemples plus ou moins connus notamment les fresques de la Capella Scrovegni de Giotto ainsi que la grande croix du Louvre du même artiste.