Aller au contenu principal Aller au menu Aller à la recherche

AddToAny share buttons

L’envers du visible. Épistémès de l’esthétique décorative au cinéma (1916 – 1936)

Thèse

Résumé

Ce travail propose d’interroger les enjeux esthétiques du décor cinématographique au début du XXe siècle, à l’aune des recherches fondatrices de la modernité dans les arts visuels. Dans le sillage des nombreux travaux menés ces dernières décennies sur les liens entre l'invention de l'abstraction et les arts décoratifs, la thèse défendue est que le décor corrobore le surgissement d’une esthétique non-mimétique au cinéma. Puisque la fonction décorative est particulièrement perçue comme secondaire dans le domaine esthétique, l’étude historicocritique des différentes acceptions du concept de « décor », de l’Antiquité Classique à l’Époque Contemporaine, admettra l'examen de son statut mineur dans le contexte de la modernité, relatif à la « crise de la vérité » dans l’art. Au prisme de l’ancienne querelle qui refait surface au tournant du XXe siècle entre les conceptions platonicienne et aristotélicienne de l’art, la confrontation de films narratifs et abstraits évoluera vers l’ébranlement du cadre dépréciatif du motif décoratif en même temps que de l’idée d’espace comme cadre représentatif. Espèces d’espaces qui se rejoignent dans leur dimension limitative mise en tension dans un temps de dispersion et de culte de la forme, auquel le cinéma ne reste pas indifférent. Absorbant les traits de la modernité, le cinéma associe dissolution mimétique et expression sensible à travers la désarticulation de l’espace représentatif et l’aplatissement de l’image reconvertie en surface visible, transformant l’architecture (espace) et les décors (matérialité) en figures fondamentales de la modernité. Dépassant le niveau de la signification, le décor filmique défigure et préfigure les nouvelles conditions du visible.

Jury