Né au XIXe siècle en réaction à l'industrialisation, l'Art nouveau souhaitait allier le beau et l'utile et s'adresser à toutes les classes sociales.
- Jean-Baptiste Minnaert Professeur d'histoire de l’art contemporain à Sorbonne Université et directeur du Centre André-Chastel
- Rossella Froissart historienne de l'art, directrice d’études à l'École Pratique des Hautes Études – PSL
Au début des années 1890, las des dérives de l’industrialisation à outrance, les artistes de l'Art nouveau s’organisent autour d’un nouveau principe : allier le beau et l’utile. Il s’agit pour cela de bousculer la hiérarchie des arts jusque-là établie et reconsidérer le potentiel artistique du travail artisanal. Dès lors, les artistes de l'Art nouveau s’attèlent à des nouvelles formes et de nouveaux supports : des arts décoratifs aux bijoux en passant par l’architecture, l’art doit être présent partout. L’art entre ainsi dans le quotidien et ses objets les plus fonctionnels et s'adresse à l’ensemble des classes sociales. Les grands noms de l’Art nouveau comme Hector Guimard ou Louis Majorelle deviennent ainsi des artistes en vogue qui entrent dans l’intérieur et le quotidien de la population française, jusqu’aux ouvriers.
Néanmoins, l’Art nouveau est rapidement rattrapé par les industriels et leurs techniques de reproduction moderne et à bas coût. Si les artistes ne refusent pas l’usage de la machine, ils peinent à collaborer avec les industriels des faubourgs tout en protégeant la singularité de leurs productions. À l’aube des années 1910, le projet Art nouveau peine à se maintenir tant il semble avoir manqué sa cible : il reste cantonné à un public assez élitiste et renseigné, oubliant son but premier d’un art pour tous.
À écouter sur le site de France Culture, émission Entendez-vous l'éco ? https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/entendez-vous-l-eco/l…
