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La sculpture de la façade de la cathédrale de Laon

Eschatologie et humanisme
Iliana Kasarska
2008
Paris, Picard, 2008, 272 p. + CD-rom (corpus de la sculpture figurée et archives des restaurations du XIXe siècle)
ISBN
978-2-7084-0832-6
55.00

La cathédrale de Laon comporte le plus grand ensemble sculpté de la fin du XIIe siècle : trois portails et leurs gâbles, deux fenêtres à voussures, de nombreuses têtes dans les écoinçons des baies, des personnages sur les arcs-boutants et des bœufs énigmatiques aux sommets des tours du massif occidental. L’ouvrage révèle un programme d’ensemble selon lequel les thèmes des portails latéraux – Incarnation et Jugement dernier – sont couronnés et achevés par le Triomphe de la Vierge au portail central, symbole de l’espoir eschatologique des chrétiens. Ce programme, attribué à Gautier de Mortagne, évêque de Laon de 1155 à 1174, est amplifié par les thèmes novateurs des fenêtres – Arts libéraux et Arts mécaniques au nord, Création-Rédemption au sud – lesquels procèdent directement des écrits de Hugues de Saint-Victor (1096-1141), théologien majeur du XIIe siècle. La présence des bœufs en haut des tours peut alors s’interpréter comme une introduction oculaire à ce programme : rappel de l’apparition providentielle d’un bœuf auprès d’un ouvrier lors de la construction de la cathédrale et herméneutique de ce miracle comme conjugaison nécessaire des œuvres humaines et de la grâce divine.

Les analyses iconographique, stylistique et archéologique ont permis plusieurs découvertes : l’existence d’une chapelle axiale dans le chœur primitif (détruit au début du XIIIe siècle), le remploi d’un portail complet datant de la fin de l’épiscopat de Barthélemy de Joux (1113-1150) et achevé avant le début de la construction de la cathédrale actuelle.

La richesse et l’originalité de cet ensemble sculpté sont servies par une couverture photographique inédite présentée sous forme de corpus dans le CD-ROM interactif qui accompagne l’ouvrage. La critique d’authenticité, complétée par l’analyse de chaque sculpture du corpus, met en évidence un nombre significatif de têtes du XIIe siècle et dénote le bon état général de la sculpture originale.

L’étude stylistique, couplée à celle des techniques d’exécution, permet de distinguer les manières d’un nombre réduit d’artistes. La chronologie du chantier conduit à remonter la datation de la sculpture de la façade au dernier quart du XIIe siècle. 

Laon s’intègre dans le style antiquisant, appelé « style 1200 » et devient une référence déterminante pour Chartres, Lausanne et Maastricht. Plus largement, l’écho qu’en offrent les ensembles sculptés de Paris, Reims et Amiens fait incontestablement de Laon un grand chantier européen.

  • Accompagné d'un CD-rom (corpus de la sculpture figurée et archives des restaurations du XIXe siècle)