Conférence d'Olga Medvedkova
Le but de cette recherche est de réapprendre à voir, à dire et à bien habiter l’architecture, y compris de pouvoir agir sur elle. La thèse que je défends est que l’architecture est, avant tout, une science humaine. Mais c’est aussi l’affaire (le devoir) de chacun. Or l’architecture est compliquée : elle est chose (matérielle, fruit d’une production, résultat d’une technique), art (qui résulte de l’imagination), forme en trois dimensions, espace, itinéraire, image (fruit d’une recherche ou d’une perception esthétique) et langue. Cette dernière fonction est la plus complète, elle englobe les autres. Pour bien vivre l’architecture il faut apprendre cette langue. Il le faut aussi quand il s’agit des autres arts, mais pas tout à fait de la même façon. À la différence des autres arts, de la peinture et de la sculpture, l’architecture n’imite pas directement les formes du monde qui nous entoure. De quoi parlent les murs, les fenêtres ou les portes de telle ou telle forme, les colonnes, les portiques, les galeries, les escaliers, les enfilades, les couloirs, les coins (Bachelard), les labyrinthes (Derrida) ? Ma question est : de quoi parle le toit ? Comment le savoir ? Par quel moyen l’apprendre ? Par quel bout s’y prendre ?
Dans cette nouvelle morphologie architecturale que je propose, le toit est non seulement un morphème, c’est-à-dire une unité élémentaire dotée à la fois de sens matériel, technique, formel, historique et social, mais c’est aussi un modèle, au même titre que d’autres modèles, porteurs de signification, transmissible et perceptible sur une longue durée. C’est même un archi-modèle, car le toit est la raison d’être de l’architecture, c’est cette partie indispensable qui rend la chose architecturale. Car l’archi-tectura, cela veut dire l’archi-toit.