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Autour de Tommaso et Alessandro Francini

Hydraulique et fontaines ornementales en France (vers 1590-1640)
Recueil de modèles de grottes et de fontaines, Paris, BnF, Estampes, Rés. Hd 100
Journée d'études
Le Jeudi 27 novembre 2014 de 00h00 à 23h59
Galerie Colbert, 2 rue Vivienne, 75002 Paris Salle Vasari, 1er étage
  • Journée d’études organisée par Emmanuel Lurin (université Paris-Sorbonne, Centre André-Chastel) et Aurélia Rostaing (Bibliothèque nationale de France)

L’art des fontaines a connu un développement extraordinaire en France sous les règnes d’Henri IV et de Louis XIII, ce dont témoigne la création en 1599 d’une surintendance des fontaines des Bâtiments du roi. En quelques décennies, ce qui était encore à la Renaissance un aménagement de luxe devient le décor indispensable de tout jardin d’agrément, à la ville comme à la campagne. Nymphées, fontaines à vasques au centre d’un parterre, grottes et cascades artificielles : en ces temps de prouesses techniques et d’exubérance ornementale, la typologie des fontaines s’enrichit de nouvelles compositions, d’un répertoire de formes et d’une iconographie que les ingénieurs fontainiers associent à la scénographie des eaux.


La fontaine doit aussi son caractère à sa situation dans un espace aménagé qui peut-être celui d’une cour, d’un parterre, d’une terrasse, voire d’une galerie : dialoguant avec l’architecture comme avec le végétal, elle est un point d’articulation majeur entre différents espaces qu’elle contribue à ordonner et à enrichir. Comme toutes les pièces maîtresses du mobilier, la fontaine constitue par ailleurs une unité fondamentale dans le champ des représentations attachées à la demeure ou au jardin. Source d’eau vive, gage de fécondité, promesse de bien-être et de volupté, vivante image de la Nature ou manifestation de la grandeur et du sacré, etc. : la fontaine représente et elle fait toujours image, quand bien même son iconographie semble pauvre ou chargée de poncifs, car elle est investie, en tant qu’objet, d’une puissante charge symbolique.


L’histoire des fontaines ornementales pose enfin la question de la spécificité technique et artistique des aménagements réalisés en France à cette époque. Commanditaires, concepteurs et artisans s’inscrivent sans doute dans des traditions locales, mais ils ne cessent de regarder vers d’autres chantiers européens et, en particulier, vers l’Italie, qui demeure une référence absolue en la matière. Venus spécialement de Toscane à la demande d’Henri IV, les ingénieurs fontainiers Tommaso et Alessandro Francini ont ainsi exercé une influence capitale sur les chantiers royaux et parisiens. On manque néanmoins d’études pour apprécier leurs compétences exactes dans les domaines de l’architecture, de l’ornementation et de l’hydraulique, leur rôle d’inventeur et de maître d’œuvre dans la réalisation des fontaines, l’originalité de leur travail et son influence sur d’autres milieux que la cour de France et les chantiers parisiens. Enfin, la question se pose de savoir si la notoriété de ces fontainiers parisiens n’a pas occulté jusqu’à nos jours les réalisations contemporaines d’autres ingénieurs fontainiers, en Provence, dans le Languedoc, en Auvergne ou ailleurs dans le royaume.