Aller au contenu principal Aller au menu Aller à la recherche

AddToAny share buttons

Appel à communications | Figer le regard

la fabrique visuelle de l’événement (premier âge moderne)
Giulio da Urbino, Allégorie du sac de Rome, 1534, Londres, The British Museum, Inv. 1997,0401.1
Appel à contribution
Le Dimanche 15 octobre 2023 de 00h00 à 23h59

Colloque, 28-29 mars 2024, Rome, École française de Rome, Centre André-Chastel

 

Au siècle dernier, l’émergence d’une discipline historique davantage problématisée a d’abord généré une prise de distance avec l’événement et l’histoire événementielle, en faveur des processus de longue durée. De son côté, l’histoire de l’art a avant tout appréhendé l’événement à travers la question de la hiérarchie des sujets et, plus précisément, de la peinture d’histoire. Plus récemment, différents courants historiographiques dans l’une et l’autre disciplines l’ont ressaisi comme objet historique et artistique en interrogeant la notion même d’événement et les divers aspects de sa mise en forme, en écrit, en image, ainsi que les stratégies de diffusion de l’événement et ses appropriations multiples. Cette rencontre souhaite bâtir un dialogue interdisciplinaire pour interroger la mise en image du regard, la circulation de l’information et son/ses interprétation(s) autour de l’« événement », compris ici sur un plan large comme un fait perçu comme marquant, qu’il soit singulier ou qu’il relève d’une séquence ou même d’une série de séquences (assassinat, conclave, ambassade, bataille, jubilé, canonisation...). Nous nous focaliserons sur le premier âge moderne comme rupture dans cette histoire longue : l’augmentation du nombre des écrits et des images d’une part, et l’intensité de la circulation d’informations et d’objets de l’autre, permettent de figer davantage, et à une échelle inédite, des manières de voir parfois forgées à des milliers de kilomètres du lieu où le fait est advenu. Dans son analyse de la série d’estampes de Tortorel et Perrissin, Philip Benedict remarque que malgré la prolifération d’études sur l’histoire de l’information, le rôle des médias visuels dans les circuits de l’information au premier âge moderne demeure sous-étudié. Ce constat ouvre des perspectives encore largement inexplorées sur la part des différents médias visuels (peinture, estampe, mais aussi médailles, sculptures, petits objets) et sur leur rapport à l’écrit dans les circuits de l’information. Significativement, les travaux qui touchent à ces questions sont presque toujours isolés : il en va notamment ainsi des analyses des grands décors historiques romains du premier âge moderne, dans lesquels on déchiffre l’événement, parfois singulièrement encodé. Dans le meilleur des cas, et plus récemment, les travaux s’intéressent à un seul type de média visuel, en général peinture ou gravure (par exemple, La lettre de l'estampe. Les formes de l’écrit et ses fonctions dans la gravure européenne au XVIe siècle, 2021), ou encore font partie de
dossiers thématiques qui questionnent un événement en particulier comme la bataille de Lépante.

Nous proposons donc de réunir dans un seul dossier des études d’événements sur divers types de médias visuels pour recentrer la réflexion sur la fabrique de l’événement. Rome et la péninsule italienne au XVIe siècle seront au cœur de nos interrogations à la fois en tant qu’espace(s) représenté(s) et lieu(x) de projections sur le monde. Les représentations de l’événement pendant le premier âge moderne favorisent-elles l’unicité de l’interprétation véhiculée ? Dans quelle mesure des représentations différentes, exploitant les potentialités variées des différents médias (construction de la légitimité du pouvoir, multiplication des détails, dramatisation de l’événement, polarisation des camps, etc.) construisent-elles une interprétation univoque ? Que laissent-elles, délibérément ou non, en dehors du cadre interprétatif proposé ? Comment ont-elles façonné sur le très long terme l’écriture de l’histoire de ces événements et, à travers elles, l’écriture de l’histoire tout court ? Nous souhaitons interroger frontalement certaines fausses évidences, et d’abord celles issues de la force des interprétations visuelles qu’on peine à percevoir comme telles, qui imposent certains acteurs comme protagonistes au prix d’autres, qui forgent des espaces imaginaires en prétendant proposer des illustrations précises d’événements historiques. Le projet vise ainsi à prendre la pleine mesure des prismes de l’actualité de l’époque imposés par la culture visuelle. En dehors des questionnements spécifiques, ce projet ambitionne ainsi, à travers une réflexion à la croisée de deux disciplines, d’avoir une utilité méthodologique en sensibilisant aux pièges véhiculés par les représentations des événements historiques.

Comité d'organisation

  • Anne Lepoittevin, maîtresse de conférences en histoire de l’art moderne à Sorbonne Université
  • Lana Martysheva, membre de l’École française de Rome, section Époques moderne et contemporaine
Les propositions de communication (titre provisoire et résumé de 450 mots accompagnés d’un court CV d’une page) peuvent être envoyées jusqu’au 15 octobre 2023 en français, anglais ou italien à l’adresse suivante : fabriquevisuellerome2024atgmail [dot] com
Langues de travail : Français, italien, anglais

Les participants bénéficieront d’un hébergement à l’École française de Rome ainsi que d’une contribution aux frais de transport.
La publication des actes est prévue ultérieurement.