Aller au contenu principal Aller au menu Aller à la recherche

AddToAny share buttons

[ARCHIVES 2012-2017] 3. Transferts, échanges, circulations dans l'espace européen et extra-européen

Le Saint-Sépulcre
Corneille de Bruyn (1623-1683), « Voyage au Levant... et de la Terre Sainte... », traduit du flamand, Delft, 1700 - BINHA/Collection Jacques Doucet

En remettant en cause le concept des « influences », les chercheurs de ce thème se proposent d’étudier des objets particuliers – « objets en mouvement ».

Leur spécificité consiste en leur capacité à changer de caractéristiques, jusqu’à devenir méconnaissables. Ainsi la méthode élaborée pour leur analyse – en sciences sociales par Michel Espagne et Michael Werner – prend en compte toute la durée de leur parcours : depuis le point de départ dans une « culture-mère », jusqu’au point d’arrivée dans une « culture-réceptrice ».

Ces déplacements créent des réseaux d’une grande complexité, pour l’étude desquels les méthodes empruntées aux mathématiques ou aux sciences de la nature actuelles se relèvent très efficaces.

Présentation

S’inscrivant dans le « tournant spatial » des sciences humaines et sociales et plus particulièrement dans le renouvellement des méthodes historiques (transferts culturels, world history, histoires partagées, connectées ou croisées, etc.), ces recherches visent à reconsidérer la polarité entre tradition et innovation – entre mimétisme et distinction artistiques – en fonction de ses dimensions géographiques ou même géopolitiques, en deçà et au delà de l’échelle trop strictement nationale.

Dans cette optique, il s’agit — loin du concept périmé des « influences » ayant épuisé son potentiel heuristique — de se proposer comme objets d’études des objets particuliers — « objets en mouvement » ou « objets en déplacement ». La spécificité de ces objets — hommes, choses ou idées — consiste en leur capacité, pour ainsi dire ontologique, à changer de caractéristiques, à muter, jusqu’à devenir entièrement méconnaissables.

C’est pour cela que la méthode élaborée pour leur étude — notamment dans le cadre des sciences sociales (Michael Werner, Michel Espagne etc.) — prend en compte, dans la mesure du possible, en fonction des sources disponibles, toute la durée de leur parcours : depuis le point de départ dans une « culture-donatrice », jusqu’au point d’arrivée dans une « culture-réceptrice ». Ces déplacements simples s’inscrivent dans un mouvement plus complexe, à plusieurs points de départ et/ou d’arrivée, qui tracent des trajectoires capricieux, curvilignes ou non linéaires, qui, dans leur ensemble, créent des réseaux d’une grande complexité.

L’étude de ces réseaux pose de nouveaux problèmes méthodologiques qui empruntent aisément à de nouvelles recherches dans le domaine de la théorie des groupes, ou encore des nouvelles façons de traiter le chaos dans les mathématiques et les sciences de la nature actuelles. Par ailleurs, la réflexion sur les méthodes de travail sur les « objets mobiles » en l’histoire de l’art fait partie intégrante de l’étude même.

Selon la nature des objets étudiés, nous avons réparti les différents thèmes traités par les membres participants de l’axe en trois groupes — circulations des hommes, circulations des choses et circulations des idées — groupes qui, de toute évidence, s’interpénètrent aisément. Pour les trois, également, la question des sources est posée comme primordiale : plusieurs projets susciteront la publication de corpus nouveaux, notamment des œuvres et des correspondances.

Corrélation avec le LABEX EHNE

Le LABEX EHNE (Ecrire une Histoire Nouvelle de l’Europe) financé dans la 2ème vague des Investissements d’Avenir a pour objectif principal d’éclairer la crise que connaît actuellement l'Europe en reconstruisant une historiographie nouvelle de l’Europe qui s'adresse tout autant au monde scientifique qu'au monde enseignant, aux citoyens et aux politiques. Le projet réunit huit laboratoires partenaires issus de quatre établissements (Paris 4, Paris 1, Nantes, Ecole des Chartes). Le projet est porté par Eric Bussière (Paris 4, UMR  IRICE).

Le centre Chastel anime l’un des sept axes du projet (traditions nationales, circulation et identité dans l’art européen) (Dany Sandron resp.) qui intègre les aspects touchant la géographie artistique et les phénomènes de mobilité qui fédèrent plusieurs membres de l’unité (voir infra).

La problématique fondamentale du Labex étant d’offrir à un large public de nouvelles clefs de compréhension de la construction européenne, l’axe histoire de l’art du labex abordera la question de la diffusion de l’art à l’échelle européenne en confrontant concepts historiographiques et réalité historique sur de vastes champs d’étude pour montrer que l’art est un élément-clef de cette construction : le gothique dont on soulignera les dimensions nationales et européenne de l’architecture (Dany Sandron) comme des autres formes d’expression à la fin du Moyen Âge (Philippe Lorentz), l’héritage byzantin (Olga MedvedkovaElisabeth Yota), les jardins dans les dynamiques nationales et internationales (Hervé Brunon) ou encore l’architecture comme élément de la construction des identités dans l’Europe des nations (1815-1914) (Jean-Yves Andrieux). Une histoire trans-européenne de l’architecture moderne (Claude Mignot) intègrera les futures Rencontres européennes d’architecture (Monique Chatenet, Claude Mignot), les travaux sur les garde-meubles en Europe (Stéphane Castelluccio) et ceux animés par Jean-Yves Andrieux sur l’architecture de la villégiature.

Sur la diachronie, l’étude du facies  de la ville du Moyen Âge à nos jours participera des mêmes préoccupations (Dany Sandron). Les phénomènes de patrimonialisation seront étudiés pareillement sur la longue durée afin de mettre en valeur les processus d’assimilation du passé (Survival/Revival) avant l’apparition d’institutions spécifiques (Basile Baudez). Ce dernier point s’étoffera de l’étude de musées et de collections qui ont été d’autres ferments de la construction européenne.

Le calendrier du Labex étalé sur 8 ans prévoit pour chaque axe dont celui sur l’Histoire de l’art, la publication d’une première synthèse qui paraîtra en 2018, la synthèse finale sort du calendrier du contrat quinquennal. Parallèlement, l’alimentation d’une encyclopédie en ligne (tout comme les ouvrages : bilingue français/anglais), le recrutement de deux contrats doctoraux successifs (2 fois 3 ans) et d’un post-doctorant (sur 1 ou 2 ans) assurera une visibilité accrue aux travaux sur l’Europe qui ne pourra que profiter à l’ensemble des études portant sur les transferts, circulations et échanges à l’horizon européen et extra-européen.

Le thème Transferts, échanges, circulations dans l'espace européen et extra-européen est composé de 3 axes de recherche :

Circulations des hommes : artistes, commanditaires, agents, « touristes »
Vincenzon Brenna (1741-1820), Château Saint-Michel de l’empereur Paul I à Saint-Pétersbourg, reliefs d'après les médaillons de la voûte de la grande galerie de Versailles présentant l’œuvre politique de Louis XIV - phot. O. Medvedkova

Plusieurs programmes importants sont réunis dans cet axe :

  • Géographie artistique et circulations des hommes au Moyen Âge (D. Sandron, Ph. Lorentz) ;
  • Transferts et échanges entre la Suède et la France aux XVIIe et XVIIIe siècles (A. Gady, J. de La Gorce, collab. G. Marion) ;
  • Le Cabinet de Pierre le Grand : l’Europe artistique autour de 1700 à travers les correspondances des agents du tsar (O. Medvedkova) ;
  • Villes de fondation, origines antiques et perspectives actuelles (W. Szambien).

Géographie artistique et circulations des hommes au Moyen Âge

La mise en évidence d’affinités entre manifestations artistiques parfois très éloignées  dans les limites de l’Europe, a souvent été exprimée par la notion d’ « influence » qui ne rend que bien imparfaitement compte de la réalité des modes de transmission des formes et des nécessaires contacts personnels qui les sous-tendent.

Les maîtres d’ouvrages, commanditaires de projets ambitieux, doivent être étudiés non seulement pour le financement des chantiers mais aussi pour trouver des éléments de réponse à la question des choix architecturaux comme Dany Sandron a pu le montrer pour des entreprises particulièrement novatrices comme la chapelle épiscopale de Tournai ou le chœur de Magdeburg qu’on ne peut comprendre sans la familiarité que les prélats commanditaires avaient du milieu parisien où ils avaient exercé ou effectué une partie de leurs études. Ce type d’approche peut être étendu sur les derniers siècles du Moyen Âge où à la faveur de l’émergence de nouveaux groupes sociaux (conseillers du roi…) et de la conservation des sources en plus grand nombre sur certains milieux (chapitres cathédraux …), les enquêtes prosopographiques permettent des recoupements fructueux.

L’étude de la mobilité des artistes apporte une dimension concrète au problème de la diffusion de l’art (Philippe Lorentz). L’apparition de la gravure en taille-douce (ou gravure en creux sur cuivre), qui naît vers 1430 mais se développe surtout à partir de la seconde moitié du xve siècle, a provoqué une véritable mutation de la production artistique et de la consommation des images. Ce mode de reproduction à grande échelle permet une circulation autonome des modèles, échappant pour ainsi dire à leurs créateurs. Auparavant, la diffusion des formes ne peut être dissociée des déplacements des artistes. Le phénomène peut être appréhendé à des degrés divers : dans les années 1420-1440, les principaux peintres actifs dans le Paris anglais (le Maître de Bedford et le Maître de Dunois) possèdent, dans leurs carnets de modèles, quelques figures conçues par les maîtres novateurs des anciens Pays-Bas et qu’ils insèrent ponctuellement dans leurs compositions. La sécurité retrouvée, après la récupération de Paris par le roi de France (1436), attire dans la capitale un artiste formé à Tournai, le peintre de la Crucifixion du Parlement, qui fait fonctionner un stock de dessins directement copiés dans les ateliers du Maître de Flémalle et de Rogier van der Weyden. Sa maîtrise de la profondeur et sa technique picturale sont la preuve d’une connaissance de première main de l’ars nova, tandis que, en raison des mauvaises conditions de circulation, ses prédécesseurs parisiens ne connaissaient quelques motifs iconographiques issus de ce milieu novateur. L’étude attentive de la diffusion, à partir des années 1440, de l’ars nova flamande dans les principaux foyers du royaume de France permettra de décomposer les mécanismes de ces transferts.

Transferts et échanges entre la Suède et la France aux XVIIe et XVIIIe siècles

Pour la période moderne, l’étude des correspondances sera privilégiée, abordée notamment dans le projet mené par Alexandre Gady et Jérôme de La Gorce. Il s’agit là d’une abondante correspondance de l’architecte suédois, Nicodème Tessin le jeune, aujourd’hui conservée au Riksarkivet de Stockholm. Cette correspondance fut très partiellement publiée en 1964 par Roger-Armand Weigert et Carl Hernmarck. Avec l’aide de Geneviève Marion du Centre André Chastel, Jérôme de La Gorce en poursuivra la transcription intégrale, grâce aux reproductions des manuscrits déjà effectuées à partir de microfilms. Les très nombreuses lettres rédigées sur plus de 2200  feuillets ne traitent pas uniquement d’architecture : en raison des diverses responsabilités exercées par Tessin à la cour de Suède, elles concernent aussi le décor intérieur, le mobilier, les jardins, la décoration navale, les spectacles, les fêtes et les cérémonies religieuses (les pompes funèbres), les artistes et les artisans sollicités dans les deux pays, sans oublier tout ce qui relève de la vie quotidienne, notamment la mode, l’évolution du goût et les conditions historiques, diplomatiques et matérielles dans lesquelles eurent lieu ces échanges intenses entre 1691 et 1718.

Le Cabinet de Pierre le Grand : l’Europe artistique autour de 1700 à travers les correspondances des agents du tsar

Les agents que Pierre le Grand envoie à travers l’Europe à la recherche des arts et des sciences modernes lui communiquent leurs découvertes à travers une abondante correspondance conservée aujourd’hui dans les Archives des Actes Anciens (RGADA, Moscou) au sein d’un fonds mythique « Le Cabinet de Pierre le Grand ». Dans ce projet conçu par Olga Medvedkova il s’agit de rendre accessible à la communauté scientifique cette source quasi unique – car marginale et donc « pédagogique » par excellence - pour la  connaissance de l’Europe artistique – de ses ateliers, collections, marchés de l’art, bibliothèques, manufactures, académies etc. – autour de 1700.

Villes de fondation, origines antiques et perspectives actuelles

Ce projet mené par Werner Szambien développera une réflexion sur les villes coloniales (réalisées ou projetées), à dimension administrative comme militaire, leurs origines culturelles, sociales et typologiques selon l'éducation et la formation des maîtres d’ouvrage et des maîtres d’œuvre, et en fonction des lieux d'implantation. Il s’agira d’examiner la multitude de leurs éléments constitutifs à travers une approche herméneutique du travail des créateurs.

Juillet 2012

Circulations des choses : œuvres, objets, livres
Georges-Louis Le Rouge (1707-1790), « XVIIIe et XIXe Cahier des Jardins anglais » - BINHA/Collection Jacques Doucet

Cinq programmes constituent l'axe de recherche :

  • Histoire et culture du livre, entre Byzance et l’Occident (R.-M. Ferré, É. Yota) ;
  • Les laques orientales en France, XVIIe-XVIIIe siècle (S. Castelluccio) ;
  • Le goût pour la Chine en France de Louis XIV à la Révolution (T. Wolvesperges) ;
  • Les arts et les sciences de l'Europe dans la Bibliothèque de Pierre le Grand (O. Medvedkova, collab. G. Marion) ;
  • Circulation des peintres, des œuvres et des modèles entre la péninsule italienne, l’Espagne et le Nouveau Monde : Renaissance italienne et art péruvien (A.-S. Molinié).

Histoire et culture du livre, entre Byzance et l’Occident

Dans l’histoire de l’art médiéval les manuscrits occupent une place très importante. Objets d’usage privé ou public, ces livres conservent souvent dans leurs folios les traces laissées par les principaux responsables de leur réalisation – commanditaires, donateurs, copistes – et révèlent les modes artistiques et les échanges possibles, notamment entre scribes et miniaturistes. La pluralité des mises en page et des modes d’illustration pour chaque type de manuscrit confirme une volonté générale de véhiculer un message personnel à travers le choix des textes et l’emplacement des scènes illustrées dans chaque livre. Cette absence de standardisation met en valeur le rôle du commanditaire dans l’achèvement du livre, ainsi que le rôle du livre lui-même dans le contexte pour lequel il a été conçu.

A travers l’étude des manuscrits Rose-Marie Ferré et Elisabeth Yota adoptent une approche pluridisciplinaire qui a comme but le rassemblement de données tant sur le statut social des personnes ou institutions en possession des manuscrits et le rôle des donations que sur les modi operandi des scriptoria et le développement de la production livresque et artistique de chaque époque. La confrontation de ces données entre Byzance, l’Occident et l’Islam apportera certainement une meilleure compréhension de l’aire culturelle méditerranéenne dans son ensemble et aboutira à des nouvelles conclusions sur les échanges et les interactions réciproques entre ces trois mondes.

En outre, grâce à la constitution de corpus de manuscrits provenant d’aires géographiques et culturelles diverses, les investigations porteront aussi sur des analyses iconographiques minutieuses, interdisciplinaires.  Objet riche et complexe, le manuscrit enluminé permet non seulement d’appréhender le monde du savoir et de la pensée et de percevoir la culture de son auteur, de son commanditaire et de ses lecteurs, mais il permet aussi de remonter l’écheveau des références et des thèmes mêlés, perceptible justement dans la mise en place et la composition des images. La question de l’écrit et du visuel dans ce type d’œuvre d’art paraît alors primordiale pour connaître les modalités de création et de diffusion de certains thèmes majeurs du Moyen Âge, tant en Orient qu’en Occident. A cet égard, réfléchir par exemple sur la représentation du pouvoir ou la mise en scène de certaines dévotions, manifestation d’une spiritualité, engagera à percevoir les enjeux que chaque culture place dans l’élaboration riche et réfléchie d’un texte illustré.

Les laques orientales en France aux XVIIe et XVIIIe siècles

Dans le cadre de ce projet, mené par Stéphane Castelluccio en collaboration avec Anne Forray-Carlier, conservatrice en chef au musée des arts décoratifs, l’intérêt est porté au goût des amateurs du XVIIe et du XVIIIe siècle pour les laques orientales, objets, particulièrement rares et coûteux sur le marché européen. Ces objets posent nombre de problèmes. Quel était leur coût ? Qui étaient les marchands spécialisés dans leur vente ? Par quels circuits passaient-ils ? Quand ils arrivèrent en Europe, quelles furent les réactions des Européens ? Qu’appréciaient-ils, tant dans les formes (coffres, cabinets, boîtes…) que dans les décors (laque rouge, noire ou polychrome, rehauts d’or, vocabulaire décoratif…) ? Quel furent, enfin, leur usage (emploi en meubles, en cabinets, en cave à liqueurs, en objets décoratifs montés en bronze doré) et leur association avec les formes occidentales telles des commodes, armoires, bureaux ? L’étude de l’évolution du goût pour les laques et de leur emploi sur deux siècles permettra de compléter l’histoire du goût pour les porcelaines. Elle permettra, en second temps, de poser des questions plus générales, concernant la réception des objets orientaux en Europe, la relation entre esthétique européenne et orientale.

Le goût pour la Chine en France de Louis XIV à la Révolution

L’étude de la Chinoiserie en France menée par Thibaut Wolvesperges se doublera de celle du goût pour les objets asiatiques à la même époque, tant les deux phénomènes sont indissociables. Si nos recherches sont centrées sur Paris et ses environs, l’élargissement de l’enquête à l’ensemble du pays permettra de mieux mettre en relief certaines disparités (caractère « pionnier » de l’art de la capitale…), tout en portant à titre comparatif un regard précis sur les réalisations émergeant à la même époque en Angleterre, Allemagne et Hollande. Ces différentes perspectives permettront d’appréhender les spécificités de la chinoiserie française. L’étude complémentaire d’autres formes d’exotisme alors en vigueur en France, donnera plus de relief au sujet de l’étude.

Les Arts et les Sciences de l'Europe dans la Bibliothèque de Pierre le Grand

Recherche collective et internationale qu’Olga Medvedkova dirige en ce moment, ce programme consacré à la bibliothèque de Pierre le Grand, permettra d’offrir à la communauté scientifique européenne une source d’une valeur exceptionnelle : la bibliothèque de Pierre le Grand, prince réformateur qui lança le processus d’occidentalisation de la Russie, créateur de la ville nouvelle de Saint-Pétersbourg qui, depuis trois siècles, n’a jamais cessé de hanter l’imagination européenne. Le travail pour les prochaines années sera consacré à la publication de deux volumes dédiés à cette bibliothèque : le premier étant son catalogue raisonné et le second un volume d’études. Vu les conditions de la collaboration exclusives et exemplaires avec l’Académie des Sciences de la Russie, une collection de publications plus ciblées des archives, manuscrits et éditions exceptionnels provenant de cette collection, est en cours d’élaboration. Il s’agirait notamment avec la participation de Geneviève Marion pour les transcriptions de publier dans sa totalité le Cours d’optique de Jean-Baptiste Alexandre Le Blond (en croisant l’histoire d’architecture avec l’histoire des sciences et de la philosophie) ou encore de deux albums manuscrits consacrés à Versailles et à Marly.

L’Espagne et l’Europe : collectionneurs et marchands

Trois actions distinctes sont envisagées au sein du projet de recherche centré sur l’Espagne dans ses rapports avec l’Europe, tant du point de vue des collections que du commerce d’art, développé par Véronique Gerard Powell.

1. Les Maîtres de la peinture espagnole en France de l’Empire à la Première Guerre Mondiale (spoliateurs, collectionneurs et marchands). Cet ouvrage de fond est conçu en collaboration avec Claudie Ressort (environ 600 pages, avec les listes des tableaux passés en France). Date d'achèvement prévu : fin 2012.

2. Peintures espagnoles, portugaises et d'Amérique latine en France : participation à l'établissement de la base Baila par l'INHA et le Louvre (depuis le 1er mars 2012).

3. Políticas en tránsito para la legitimación nobiliaria: narrativas de memoria y estética en la gestión del patrimonio artístico de la nobleza española (1750-1850) : participation à l'ANR en cours de préparation, dirigé par le professeur Antonio Urquizar Herrera (Universidad a distancia, UNED, Madrid). Dans ce projet qui étudie le sort des collections des grands d'Espagne au XIXe siècle, V. Gerard Powell est chargée de l'étude des rapports des collectionneurs espagnols avec les marchands britanniques et français, à une époque qui voit le démantèlement de ces grandes collections.

Circulation des peintres, des œuvres et des modèles entre la péninsule italienne, l’Espagne et le Nouveau Monde : les formes italiennes de la Renaissance dans l’art péruvien

Anne-Sophie Molinié poursuit un travail entrepris il y a quelque temps sur la présence de formes picturales romaines et florentines dans le Nouveau Monde. Le point de départ réside dans l’observation d’influences d’œuvres représentatives de la Renaissance italienne dans l’art de la Vice-Royauté du Pérou, entre 1575 et la fin des années 1610.

On se propose de suivre la circulation de certains modèles et solutions italiens jusqu’à ces régions puis d’analyser leur réappropriation et leur transformation dans un contexte de création particulier. Les trajets des hommes – des peintres seulement pour le moment, ainsi Mateo Pérez de Alessio –, mais aussi des œuvres (importées par les artistes eux-mêmes puis produites au sein d’ateliers locaux) et de thèmes iconographiques font apparaître plusieurs circuits entre de grands centres de production artistique en Italie centrale, l’Andalousie et plus particulièrement Séville, et le Nouveau Monde. Plusieurs formes de transmission, directe ou non, de réinterprétation et d’héritage se superposent, selon que l’on considère les différentes régions étudiées, les types de commanditaires et de congrégations destinataires de cette production religieuse, marquée par la Réforme tridentine.

Juillet 2012

Circulations des idées : institutions, rencontres, traductions, modèles
« Description que Pline le consul a faite lui-même de sa maison de campagne nommée Le Laurentin » Les Plans et les Descriptions de deux des plus belles maisons de campagne de Pline le Consul, avec des remarques… par Mr. Félibien des Avaux, Amsterdam, Estienne Roger, 1706 - BINHA/Collection Jacques Doucet

Cet axe comprend quatre programmes de recherche :

  • Giorgio Vasari et la question du modèle italien à la cour d’Espagne (A.-S. Molinié) ;
  • La connaissance de l'architecture antique dans l'Europe du XVIe au XVIIIe siècle (O. Medvedkova) ;
  • L’héritage byzantin (O. Medvedkova et É. Yota) ;
  • Les institutions artistiques en France et en Amérique du Nord à l’époque contemporaine (C. Gouzi).

Giorgio Vasari et la question du modèle italien à la cour d’Espagne

L’étude menée par Anne-Sophie Molinié s’inscrit dans un travail de recherches plus large, qui porte sur la réception et l’influence des théories vasariennes en Italie et en Espagne, entre les années 1550 et 1660. Par le biais de la diffusion et de la réception des écrits de Giorgio Vasari auprès d’auteurs, mais aussi d’artistes espagnols, on observe la circulation d’un certain nombre de modèles, théoriques ou picturaux, entre les possessions du roi d’Espagne et la péninsule italienne.

Cette prospection a pour le moment surtout consisté en la recension des textes de Vasari présents en Espagne et dans l’étude de leur réception, à partir de fonds de bibliothèques et d’archives, notariales notamment. L’objectif est de déterminer les voies par lesquelles les textes de Vasari entrèrent en Espagne, selon trois pistes significatives, puis de répertorier les exemplaires des écrits de Vasari présents en Espagne entre 1550 et 1660 – et éventuellement leurs propriétaires –,  enfin de recenser les traités d’art publiés en Espagne entre le milieu du XVIe siècle et le milieu du XVIIe siècle – plus précisément les années 1660 afin de repérer l’éventuel impact de la réédition des Vite à Bologne en 1647 – qui feraient référence à Vasari.

La connaissance de l'architecture antique dans l'Europe du XVIe au XVIIIe siècle

Dans l’Europe du XVIe au XVIIIe siècle, l’invention de l’architecture « noble » et « savante » se nourrit, en tout premier lieu, de l’architecture antique. Sa connaissance est donc primordiale, aussi bien celle de son vocabulaire (le langage des formes architecturales classiques), que de sa syntaxe (typologie des bâtiments) et de sa sémantique (destination et signification de ses derniers). Cette connaissance s’accumule et se véhicule à travers l’Europe grâce aux livres illustrés qui paraissent, de plus en plus nombreux, à partir de 1511 (premier Vitruve illustré). La connaissance des ruines de Rome s’y élargit progressivement sur de nouveaux « objets » (ruines de Paestum, de la Dalmatie, de la Grèce, de l’Asie Mineure). La publication de ses ouvrages (particulièrement en Italie, en France et en Angleterre), puis leur circulation et accumulation dans les bibliothèques des architectes ou des commanditaires alimente, de manière directe et immédiate, la pratique architecturale à travers l’Europe. Olga Medvedkova se propose donc d’étudier des différents aspects de la production, circulation et accumulation des livres d’architecture antique comme partie intégrante de l’histoire de l’architecture européenne de l’époque moderne.

L’héritage byzantin

Au début du XIXe siècle les élites russes participent à la redécouverte de la culture médiévale européenne et se tournent vers leur propre culture médiévale, ainsi que celle, plus vaste, de l'Orient chrétien. L’aristocratie d’abord, l’Université, le Musée et l’Église ensuite se mettent dès lors à l’école les antiquités byzantines, d’abord, et nationales, ensuite. C’est l’occasion alors pour les Occidentaux de tester leurs conceptions sur ce nouveau matériau. Ce projet d’Olga Medvedkova et Élisabeth Yota abordera les questions liées à la réinvention de l’art de l’Orient chrétien en Russie et en Occident, au XIXe et au début du XXe. Elles se proposent de remettre ces problématiques dans un vaste contexte de la réinvention de l’art médiéval.

Les institutions artistiques en France et en Amérique du Nord à l’époque contemporaine

Ces recherches conduites par Christine Gouzi en histoire de l'art moderne et contemporain (fin du XIXe et début du XXe siècle) se concentrent sur les échanges des modèles, de la fortune critique et les liens entre les institutions artistiques françaises et américaines du Nord (États-Unis et Canada). Il s’agit également de reconsidérer les liens entre les peintres français et les États-Unis au début du XXe siècle à travers l’art de deux artistes : Henry Caro-Delvaille (1876-1928) et Albert Besnard (1849-1934).

Juillet 2012

 

Membres rattachés au thème

Enseignants-chercheurs de l’université Paris-Sorbonne

Rose-Marie Ferré (MCF)
Alexandre Gady (PR)
Christine Gouzi (MCF)
Philippe Lorentz (PR)
Dany Sandron (PR)
Thibaut Wolvesperges (MCF)
Élisabeth Yota (MCF)

Chercheurs du CNRS

Stéphane Castelluccio (CR)
Antonella Fenech Kroke (CR)
Werner Szambien (DR)

CDD de Paris-Sorbonne

Elinor Myara Kelif (post-doctorante)

Professeurs émérites de Paris-Sorbonne

Jean-Yves Andrieux
Jean Guillaume
Fabienne Joubert
Serge Lemoine

Directeur de recherche émérite du CNRS

Jérôme de La Gorce

Membres honoraires

Geneviève François (AI CNRS)
Véronique Gerard Powell (MCF Paris-Sorbonne)
Geneviève Marion (IE CNRS)

Doctorants :

Elliot AdamAdrián Almoguera, Marie-Gaëtane Anton, Mathilde Assier, Matthias Barthel, Juliette BessetteEmmanuelle BordureSarah BoyerMarie-Laure Buku PongoCamilla CeccottiRomain CondamineMatthieu CresonBéatrice De MoustierChiara Di Stefano, Annamaria Ersek, Elsa EspinLaure FordinBenjamin FoudralSimon GautierJulie Gimbal, Christophe Guillouet, Bruno GuiloisJuhayna HillesMarie HéraultEmeline Houssard, Dominique Lacroix-Lintner, Erwann Le Franc, Clémence Lecointe, Vincenzo Mancuso, Hélène Marcq, Alexandra Michaud, Pauline MouréBéatrice de MoustierRaluca MuresanLéo Noyer-DuplaixMarjorie OccelliRomain RemaudYves-Marie RocherClaire RousseauBenjamin Salama, Nizza Santiago Burgoa, Magdalena SawczukNora SegretoAlexandra SotirakisPatricia Spiess AndreszOlivier Vayron.

MAJ décembre 2017