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[ARCHIVES 2012-2017] 1. Décors, monuments, paysages : approches globales du patrimoine

Ange-Jacques Gabriel, hôtel de la Marine, place de la Concorde, Paris, 1768-1774 ; phot. S. Castelluccio

L’approche globale caractérise la recherche du Centre André Chastel dans le domaine du patrimoine, comme l’histoire de l’art du vitrail, de l’architecture de la villégiature, ainsi que, plus récemment, l’iconologie du monument, méthodologie précédemment élaborée pour la période médiévale et désormais étendue à la période moderne.

D’autres actions témoignent de l’effort de renouvellement des concepts et des objets, tels que l’histoire de la culture matérielle, l’étude des monuments comme symboles identitaires des nations ou encore la prise en compte des dimensions complexes qu’implique la notion de paysage.

Présentation

Le thème Décors, monuments, paysages est composé de 4 axes de recherche :

Iconologie du monument
Façade peinte : Casa Cazuffi, Trente, XVIe siècle

Cet axe est constitué de trois programmes :

  • Le monument médiéval, images et représentations : cathédrales, portails sculptés - la sculpture monumentale (D. Sandron) ;
  • Façades peintes en Italie, XVe-XVIIe siècle (A. Fenech Kroke, J. Koering, E. Lurin, A.-S. Molinié) ;
  • Résidences royales aux XVIIe et XVIIIe siècles : lectures monumentales des bâtiments royaux au temps d'Henri IV (E. Lurin) ; Versailles ou l’expression du pouvoir royal (S. Castelluccio) ; les chantiers princiers fin XVIIIe-début XIXe siècle (B. Baudez).

Dans la suite des travaux de recherche menés ces dernières années au Centre Chastel, mais avec un champ chronologique plus large englobant l’époque moderne, il est désormais prévu de privilégier une approche de l’architecture qui cerne plus précisément la signification non seulement des édifices, mais aussi des partis architecturaux qui les définissent, en ce qu’ils révèlent les motivations des hommes qui en ont l’initiative et en voient l’exécution. On développera des recherches sur la notion de culture architecturale, qu’elle offre la combinaison de plusieurs systèmes de références, exploitées ou subies, ou qu’elle sélectionne, suivant des critères à définir, une source plutôt qu’une autre, lointaine ou proche, favorisant le cas échéant l’émergence de nouvelles tendances. Elle intègre dans un tout l’architecture et son décor, d’où le choix du terme de « monument », mieux à même de définir une approche globale de l’œuvre où la prise en compte des aménagements et des usages reste une préoccupation constante.

Le monument médiéval : images et représentations

Dans le sillage des travaux antérieurs relevant de cette orientation méthodologique, plusieurs thèses sous la direction de Dany Sandron abordent des questions fondamentales pour la compréhension de l’architecture médiévale, en privilégiant :

  • la volonté de représentation : Damien Berné, Architecture et liturgie, Saint-Denis aux XIIe-XIVe siècles (en co-direction avec Catherine Vincent, université Paris-Ouest-La Défense) ;
  • l’intégration de l’architecture dans l’espace urbain : Morgane Ménard, Chartres : le quartier canonial ; Grégory Chaumet, Étude d’espace urbain : le développement de la rive droite de Paris ;
  • les phénomènes d’émulation dans des monuments qui s’intègrent dans de véritables réseaux, à partir d’études régionales : Denis Hayot, L’architecture de type philippien, royale et non royale, en France au XIIIe siècle.

a. Cathédrales

Dany Sandron poursuivra ses travaux sur les cathédrales en soulignant leur rôle identitaire, d’une région ou d’une institution. Des études de cas précédemment menées sur Auxerre, Florence, Paris, Strasbourg, s’enrichissent de nouvelles investigations sur Meaux, Magdebourg et Bourges ; cette approche sera reprise pour d’autres monuments, comme la cathédrale de Tournai et l’église Notre-Dame de Trèves, un des éléments du groupe cathédral.
L’impact des cathédrales à l’échelle régionale peut s’évaluer à l’horizon du diocèse où leur architecture constitue sans doute une référence prioritaire dont les enjeux doivent être identifiés. On peut enfin effectuer des parallèles avec des chantiers tout aussi emblématiques, comme la Sainte-Chapelle du palais de la Cité, dont l’incidence à l’horizon régional mérite d’être étudiée (Alicia Decoopman, À l’aune de la Sainte-Chapelle : l’architecture religieuse en région parisienne, fin XIIIe-XIVe siècle).

b. Portails sculptés - la sculpture monumentale

En partenariat avec le Centre des monuments nationaux, un projet d’étude aboutissant à une publication sur les façades de cathédrales permettra de mieux comprendre ces monuments représentatifs par excellence. Les façades monumentales de Paris, Amiens, Bourges, Reims seront abordées dans leur globalité en intégrant à la fois architecture et décor sculpté, ce dernier bénéficiant des ressources rassemblées depuis une dizaine d’années par le centre Chastel qui a constitué une banque d’images sur la sculpture des portails gothiques (responsable : Béatrice Coquet). Dans la suite des travaux de synthèse (F. Joubert, 2008), certains dossiers sont repris pour faire l’objet d’un traitement approfondi, ainsi des portails de la cathédrale de Bourges dont l’étude peut s’appuyer sur le travail récent des spécialistes qui en ont effectué la restauration et le nettoyage, avec des découvertes importantes du point de vue archéologique (montage des différents éléments, importantes restaurations au début du XIVe siècle), iconographique et formel. Les recherches qui intègrent la sculpture monumentale à l’échelle de la façade entière feront l’objet d’une publication où interviendront également l’architecte en chef des Monuments historiques, Patrick Ponsot, et les restaurateurs (éditions Picard, 2014, sous la dir. de D. Sandron et F. Joubert).

Façades peintes en Italie, XVe-XVIIe siècle

Cette enquête, menée par Antonella Fenech Kroke et Jérémie Koering avec la participation d’Emmanuel Lurin, sera consacrée au développement des « façades peintes » dans l’Italie du début de l’époque moderne. L’objectif est d’offrir une meilleure visibilité à ce phénomène artistique trop souvent négligé par les historiens de l’art, en multipliant les points de vue et les approches (historique, politique, anthropologique, sémiotique, etc.). Une équipe de dix chercheurs (français, italiens et américains) travaille sur ce projet, chacun ayant à charge un aspect spécifique du phénomène (rapport à l’architecture, cadre juridique et politique, rôle du commanditaire, rôle de l’artiste, etc.). Deux temps forts scanderont le projet : une présentation des problématiques et de différentes études de cas à l’occasion d’un « atelier de recherche », tenu à la Villa Médicis, à Rome, en mars 2013 ; la rédaction d’un ouvrage collectif (sortie prévue en 2015). Un rendez-vous intermédiaire, en 2014, à Paris, est également envisagé. Par ailleurs, Anne-Sophie Molinié lancera un travail sur les représentations des fins dernières sur les façades d’édifices religieux italiens aux XVe-XVIe siècles.

Résidences royales (XVIIe-XVIIIe siècles)

L’étude des grandes demeures royales constitue d’évidence une formidable coupe sur l’art de bâtir, les enjeux identitaires et démonstratifs de l’architecture du Pouvoir, la question des modèles, mais encore le problème des grands décors et enfin la distribution, donc les usages sociaux, de ces édifices iconiques. Il rejoint ainsi les thématiques du programme européen Palatium. Ces travaux sont à la fois monographiques (le Louvre, Versailles), historiques (les résidences d’un souverain, le fonctionnement de la Cour), sans négliger l’aspect patrimonial (décors disparus, restaurations identitaires), dans une démarche globale de ces édifices-phénomènes.

a. Lectures monumentales des bâtiments royaux au temps d’Henri IV

Le règne d’Henri IV, qui fut une période fastueuse pour les bâtiments royaux et tous les arts de cour, constitue néanmoins, selon un mot de Sylvie Béguin, une forme de « no man’s land » historiographique. Ni l’importance des destructions et des démembrements, ni l’état souvent lacunaire des sources ne suffisent à rendre compte d’un paradoxe historiographique qui tient aussi à des questions de méthode et aux difficultés que posent ici la caractérisation des œuvres, leur description formelle et leur interprétation. Ainsi, la notion de « Seconde Ecole de Fontainebleau », entendue jusque-là dans une acception strictement stylistique, mérite selon nous d’être reconsidérée pour être reformulée dans une perspective beaucoup plus large, celle de la politique culturelle orchestrée dès les premières années du règne par le premier roi Bourbon. L’enquête d’Emmanuel Lurin, centrée sur l’étude des résidences royales (les châteaux de Fontainebleau et de Saint-Germain-en-Laye, le Louvre et les Tuileries), s’attache à démontrer la signification monumentale des bâtiments et de leurs décors dont elle révèle les nombreux enjeux (d’ordre patrimonial, politique et culturel) dans un contexte de refondation dynastique.

b. Versailles ou l’expression du pouvoir royal

Cette importante recherche de Stéphane Castelluccio sur plusieurs années permettra de déterminer quels moyens employèrent les souverains et leurs architectes au château de Versailles pour exprimer publiquement la dignité du souverain de France, depuis la disposition des lieux jusqu’aux matériaux employés. Comment l’Étiquette influença le décor, la distribution, le mobilier et la vie quotidienne du souverain et de la Cour dans ces espaces. Ainsi, comment fonctionnait la hiérarchie de la richesse de ces matériaux et du décor sculpté et quel vocabulaire a été privilégié, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur ? Quels types de meubles et de matières ont été choisis en fonction des lieux où ils ont été disposés ? Cette étude, à la croisée de l’histoire de l’art, de l’architecture, du décor, du mobilier, de l’histoire sociale, de l’histoire politique, veut dégager la logique des lieux en fonction de leur usage, lui-même dépendant de l’Étiquette de la Cour et de son évolution, depuis Louis XIV jusqu’à la Révolution.
Par ailleurs, en partenariat avec les Archives nationales (B. Galland, directeur scientifique du Centre d’accueil et de recherche des Archives nationales et P. Jugie, responsable de la série O1), Stéphane Castelluccio se propose d’éditer trois volumes, conservés sous les cotes O1 822 à 824, dont le contenu retrace la vie de la Cour de 1724 à juin 1785. Ce journal consigne tous les événements de la Cour, depuis les plus quotidiens, telles les présentations de dames aux souverains ou les problèmes de santé de ces derniers, jusqu’aux plus officiels, comme les réceptions d’ambassadeurs ou les fêtes, de même que la tentative d’assassinat de Louis XV et ses conséquences politiques avec les renvois de certains ministres. Par sa description précise et sur le long terme de la mécanique de la vie de Cour, ce texte apporte nombre d’éléments nouveaux dans divers domaines, notamment sur l’histoire sociale. Les rapports des différents groupes sociaux présents à la Cour entre eux et avec les Souverains étaient régis par l’Étiquette, ensemble de règles dont l’application et l’évolution dépendaient du seul Roi. Ce texte inédit, quasi inconnu des historiens, présente un témoignage unique de la vie de Cour de l’intérieur. La future publication sera double : une publication en ligne de l’intégralité du document sur le site du Centre André Chastel et de l’École des Chartes par exemple, pour les chercheurs, étudiants ; une publication papier des extraits les plus vivants de la vie de Cour pour une diffusion plus grand public, avec une introduction et un appareil scientifique du texte.

c. Les chantiers princiers (fin XVIIIe-début XIXe siècle)

Basile Baudez se propose de poursuivre les recherches sur les chantiers princiers de la fin de l’Ancien Régime, période trop longtemps négligée alors que se développent, il est vrai, de nouveaux programmes. La perspective retenue sera large, à la fois architecturale et patrimoniale, puisqu’il s’agira, dans la lignée des études sur la reconstruction du château de Versailles, de comprendre les orientations et les retombées de ce programme essentiel dans l’ensemble du continent européen. On observera les projets, l’organisation des chantiers et les avancées techniques qu’ils ont permises dans une visée d’histoire de la construction, et on étudiera aussi les nombreuses réalisations dans la durée, de Coblence à Buckingham Palace.

Juillet 2012

Iconologie du paysage
Villa Brémontier, Arcachon, 1863, construite par Paul Régnauld, ingénieur en chef de la Compagnie des chemins de fer du Midi ; photo J.-Y. Andrieux

Deux programmes composent cet axe :

  • Approches holistiques et transdisciplinaires des jardins et du paysage (H. Brunon) ;
  • Paysages et architectures de la villégiature (J.-Y. Andrieux).

Nourri des acquis du thème fédérateur homonyme dans le précédent quadriennal, cet axe permet d’aborder la complexité de l’échelle territoriale, aussi bien dans le domaine de l’histoire culturelle des jardins et du paysage, suivant une méthodologie déjà mise au point au sein du laboratoire, que pour la question de la villégiature, auparavant traitée du point de vue de l’architecture et désormais étendue à ses implications paysagères.

Approches holistiques et transdisciplinaires des jardins et du paysage

Poursuivant le précédent programme de la Section Histoire culturelle des jardins et du paysage, ce projet coordonné par Hervé Brunon vise à aborder le jardin à la fois en tant que système ouvert, matériel et vivant, par une confrontation indispensable avec l’in situ, compris dans la complexité de son intégration environnementale, et en tant que lieu de cristallisation de phénomènes et d’enjeux complexes, qui éclairent sa place dans la culture et la société d’une époque, dans les discours et les pratiques dont il forme le support. L’un des débouchés de ce travail sera la programmation « Histoire et cultures des jardins » à l’Auditorium du Louvre, coordonnée depuis 2007 par Hervé Brunon et Monica Preti-Hamard, qui organise des journées d’études internationales à rythme biennal. Outre la publication de la journée qui se tiendra le 29 juin 2013 (La promenade au jardin : pratiques spatiales et sociales d’André Le Nôtre à nos jours), sont envisagés pour les prochaines années : La couleur dans les jardins : liens à travers l’histoire avec l’esthétique picturale, les développements de l’horticulture, la sensibilité sociale. ; L’intimité au jardin : formes (jardin secret, grotte, cabane, etc.), pratiques (lecture, conversation, rencontres amoureuses, etc.), dimension autobiographique de la création ; « J’aime fort les jardins qui sentent le sauvage » (Pierre de Ronsard) : les esthétiques naturalistes du jardin à travers l’histoire et leurs représentations littéraires et artistiques, jusqu’à la sensibilité écologique actuelle.
Cette orientation méthodologique devrait être également mise en œuvre pour l’histoire des jardins en Grande-Bretagne au XVIIIe siècle avec la collaboration de Laurent Chatel (MCF Paris IV). Enfin, elle sera étendue à l’histoire du paysage, en lien avec le programme « Ontopoétique des lieux » du thème Images, dispositifs, lieux.

Paysages et architectures de la villégiature

Les études sur la villégiature prendront grâce à Jean-Yves Andrieux, en collaboration avec Bernard Toulier, une direction nouvelle en variant les typologies architecturales retenues et, surtout, en élargissant les enquêtes au paysage. Avec l’aide de la Société française de vènerie, est ainsi actuellement lancée une étude thématique et patrimoniale des lieux de villégiature temporaire ayant la chasse pour fonction. On centrera d’abord les investigations sur trois ou quatre régions tests, avant d’organiser un colloque national en 2013 et de publier une synthèse, en 2014.
Les études thématiques s’étendront au cas des localités où le portuaire et la villégiature s’associent, désignant un « balnéaire urbain » (publication sur Dieppe, 2013), à la villégiature climatique (publication sur Pau, C. Laroche), thermale (villes d’Auvergne : synthèse prévue pour 2013, après une monographie sur Vichy en 2010 ; étude sur Aix-les-Bains en 2013-2014), à la villégiature des bords de fleuve et de lac (n° spécial de la revue électronique In Situ et de la revue 303 sur le Val-de-Loire, en 2013).
Parallèlement, un programme de recherches sur le paysage de la villégiature en Principauté de Monaco vient d’être amorcé, en relation avec le Musée national monégasque. La couverture photographique des façades sur rue de tous les immeubles de la Principauté a déjà été réalisée. Le dépouillement de 2000 permis de construire est en cours, ainsi que celui des archives de la Société des bains de mer (SBM) et du musée des Beaux-Arts de Monaco. Parmi les archives de la SBM, on a notamment découvert les papiers de l’architecte Henri Schmidt dont l’importance est telle qu’il faut envisager de lui consacrer une thèse, dirigée dans le cadre du Centre André Chastel. Deux expositions (avec catalogues) présenteront ces découvertes : la première donnera un panorama global du parc balnéaire monégasque en 2013 ; la seconde sera concentrée sur la Société des bains de mer, en 2014.
On entamera en 2013 un travail sur la villégiature de campagne, par l’inventaire des châteaux du grand Ouest de la France (Picardie, Normandie, Bretagne, Centre, Poitou-Charentes) et de l’Île-de-France, à partir du fonds Gustave William Lemaire (photographe établi à Vineuil, dans le Loir-et-Cher et auteur de plus de 6000 clichés pris entre 1880 et 1920, conservés à la médiathèque de l’Architecture et du patrimoine). Ce vaste corpus pourra être mis en relation avec les planches imprimées de la série Les Châteaux de France, publiée par Charles Massin à partir de 1912, dans laquelle diverses vues de Lemaire ont été employées, et de revues comme L’Illustration ou La Vie à la campagne. Enfin, le Centre Chastel co-organisera à Cerisy-la-Salle, en juin 2013, dans le cadre du festival de Normandie, un colloque international consacré à l’architecture balnéaire et au tourisme dans le monde (Italie, Angleterre, Espagne, Pays-Bas, Amérique latine, Japon, Méditerranée, mer Noire).

Juillet 2012

Axe Patrimoine monumental et identités
Reconstitution 3D du vestibule est du pavillon royal de Marly © Hubert Naudeix, Musée promenade de Marly-le-Roi

L’architecture monumentale peut être étudiée, aux époques moderne et contemporaine, avec des échelles élargies, mais également suivant des thématiques identitaires performantes, dans le cadre de l’émergence de constructions d’identités nationales. Dans cette optique, de nouvelles études permettent des relectures de phénomènes aussi bien transnationaux que nationaux.

  • L'architecture de la France royale (A. Gady) ;
  • L'architecture des nations, 1860-1920 (J.-Y. Andrieux) ;
  • Les villes de compagnie dans le monde, XIXe-XXe siècles (J.-Y. Andrieux).

L’architecture monumentale peut être étudiée, aux époques moderne et contemporaine, avec des échelles élargies, mais également suivant des thématiques identitaires performantes, dans le cadre de l’émergence de constructions d’identités nationales. Dans cette optique, de nouvelles études permettent des relectures de phénomènes aussi bien transnationaux que nationaux.

L'architecture de la France royale

À la suite des travaux « historiques » du Centre André Chastel sur la Renaissance et le premier XVIIe siècle, Alexandre Gady poursuivra les travaux et la réflexion sur l’architecture d’un « long siècle de Louis XIV », entendu comme une période large, allant de 1660 à 1760. Durant ce « moment » qui correspond à la puissance maximale de la France en Europe, une architecture homogène, sinon uniforme, a vu le jour ; fruit des réflexions et des théories mises en place au début du règne personnel de Louis XIV, elle se sépare aussi bien du maniérisme inventif qui la précède que du néoclassicisme plus strict qui la suit, proposant une écriture aussi efficace qu’isolée en Europe de l’âge moderne, hors de tout excès décoratif notamment. Elle pose donc la question d’une forme d’exception française, dont l’analyse a toujours été gênée par des lectures naguère trop nationalistes. Cette architecture, fabriquée à Paris et Versailles, a par ailleurs été étendue au royaume, dans une évidente vision centralisatrice. Immédiatement reconnaissable et assimilable à la « France royale », elle a joué un grand rôle dans l’effort d’uniformisation du territoire esquissé par la Monarchie française. La problématique de la mise en place d’un langage architectural et de sa diffusion volontaire, comme la définition de cette architecture « à la française » constituera donc ces recherches. Une telle approche peut être globale, suivant deux directions : monographique d’une part, en reprenant les grandes figures des architectes de Cour (outre Jules Hardouin-Mansart, étudié en 2080-2010, Robert de Cotte, Germain Boffrand, les Gabriel, Mique, etc.), ainsi que quelques édifices emblématiques (abbaye royale de Saint-Denis) ; typologique d’autre part, en poursuivant les travaux largement engagés sur le château (Fr. Boudon), mais encore l’hôtel particulier, les palais épiscopaux, l’architecture religieuse, les places royales, etc. Bénéficiant de nombreuses recherches antérieures qui renouvellent notre vision, cette étude prendra naturellement place dans un contexte élargi, grâce aux liens avec les collègues européens travaillant sur ces mêmes thématiques. Ainsi, un programme sur l’architecture jésuite de cette époque a été lancé en 2009 à Saragosse et permet une vision à l’échelle du continent des phénomènes architecturaux et décoratifs liés à la Contre-Réforme. De la même manière, ce travail rejoint les thèmes des colloques organisés depuis 2010 à Turin (Venaria Reale et Politecnico de Turin) sur les architectes de Cour aux XVIIe et XVIIIe siècles. Cette recherche débouchera sur un ouvrage de synthèse à l’horizon 2016-2017.

L’architecture des nations, 1860-1920

Cette recherche développée par Jean-Yves Andrieux et Fabienne Chevallier, en collaboration avec l’université d’Helsinki, aborde la question des identités nationales à une période riche et contrastée pour l’histoire de l’Europe, prémonitoire de la situation du continent aujourd’hui. Il s’agit de questionner la notion de style national, en observant les œuvres architecturales érigées en symboles pour afficher, puis renforcer les particularismes, dans le cadre d’une concurrence acharnée entre les capitales (qui n’est pas sans faire penser à la situation actuelle). En ce sens, les édifices et les villes modèlent durablement les repères culturels et politiques des peuples. Entre 1860 et 1920, période d’affirmation maximale de l’idée nationale, l’Europe comprend plusieurs groupes de nations aux profils disparates. L’enquête se donne pour but de les décrire et de les comparer, dans une série de volumes successifs. Le premier, déjà paru (2006), a traité des nations « émancipées », c’est-à-dire des entités où s’éveille une conscience nationale pendant le premier XIXe siècle, soit au sein d’un grand empire (ex. la Finlande, la Hongrie), soit sous le joug d’une puissance étrangère (ex. la Roumanie), soit au sein d’un État déjà constitué (ex. la Catalogne). Un deuxième volume est en préparation pour 2014 sur les « grandes » nations historiques (France, Espagne, Royaume-Uni). Trois autres volumes suivront, l’un sur les grands empires et les nations entrées dans un processus d’unification (Russie, Allemagne, Autriche, Italie), le second sur les « petites » ou « jeunes » nations issues de ces empires (Bulgarie) ou d’un processus de libération (Belgique, Grèce), le dernier sur les nations dominées de l’Est (Pologne, Estonie, Slovaquie, Bohême-Moravie). Un volume de synthèse ou un dictionnaire critique viendra clôturer l’ensemble. Ce travail est mené en collaboration avec le musée d’Orsay (Fabienne Chevallier, chercheur au service de la conservation) et l’université d’Helsinki (Anja Kervanto Nevanlinna, professeur d’histoire de l’art contemporain, ex-fellow of the Academy of Finland).

Les villes de compagnie dans le monde : XIXe-XXe siècle

Ce projet porté par Jean-Yves Andrieux, en collaboration avec l’université du Québec à Montréal, consiste en un inventaire systématique des villes construites de toutes pièces par des entreprises industrielles, au cours des processus successifs de la modernité économique. Il s’agit d’étudier les modèles théoriques, parfois liés à l’utopie, plus souvent à l’émergence d’une pensée sur la ville moderne (cité-jardin, etc.) ; de comprendre les contextes économiques dans lesquels apparaissent ces expériences originales, fondues jusqu’à présent sans distinction (dans l’historiographie française au moins) dans le concept global du paternalisme industriel, qui ne permet pas de rendre compte de leur variété, ni de leurs principes ; de mettre en évidence les personnalités qui ont permis l’éclosion des villes de compagnie (ex. Émile et Henri Menier en France, Titus Salt, William H. Lever en Grande-Bretagne) ; de décrire et comparer les réalisations les plus remarquables (certaines sont inscrites au patrimoine mondial) qui en découlent, sur le double plan de la composition urbaine et de l’architecture (œuvres et architectes). Un pré-inventaire de ces villes de compagnie a déjà été réalisé (env. 270 sites recensés dans le monde), fin 2012, le travail de recherches documentaires proprement dit a ensuite été engagé en collaboration avec l’UQÀM (université du Québec à Montréal, Lucie K. Morisset, professeure d’histoire de l’architecture). En même temps que la parution d’un ouvrage de synthèse, un colloque international sera co-organisé par le Centre Chastel et l’UQÀM en Amérique du Nord, en 2014.

Juillet 2012

Histoire de l’art du vitrail
Limoges (Haute-Vienne), église Saint-Pierre du Queyrois : la Dormition de la Vierge, détail (vers 1510) © Centre André Chastel / Phot. F. Gatouillat

Les travaux de recensement des vitraux anciens de la France (Sylvie Balcon, Karine Boulanger, Véronique David et Michel Hérold) visent à leur achèvement, vers 2017. Il reste cinq régions à couvrir, dont deux déjà en cours : Languedoc-Roussillon ; Poitou-Charentes. Un matériau de recherche fondamental sera ainsi réuni, premier corpus thématique complet.

Parallèlement, des monographies d’ensembles majeurs sont en préparation, ainsi que des synthèses prenant en compte l’histoire du vitrail des origines à nos jours.

Les travaux de recensement des vitraux anciens de la France (Sylvie BalconKarine BoulangerVéronique David et Michel Hérold) visent à leur achèvement, vers 2017. Il reste cinq régions à couvrir, dont deux déjà en cours : Languedoc-Roussillon (M. Hérold) ; Poitou-Charentes (K. Boulanger). Un matériau de recherche fondamental sera ainsi réuni, premier corpus thématique complet. Parallèlement, des monographies d’ensembles majeurs sont en préparation (Chartres, fenêtres basses de la cathédrale, Claudine Lautier ; Bourges, cathédrale, K. Boulanger, B. Kurmann), à paraître en 2015. Une étude qui vise à reconstituer le décor vitré original de la cathédrale de Reims, à partir de relevés graphiques inédits, verra son aboutissement vers 2016 (S. Balcon). L’expérience acquise, les thématiques développées au cours des années conduisent désormais à envisager des synthèses prenant en compte l’histoire du vitrail des origines à nos jours. Ainsi paraîtra, en 2014, aux Éditions du Patrimoine, Le Vitrail en France, dir. V. David et M. Hérold. Cet ouvrage mettra à la disposition du public et de la communauté scientifique le meilleur de la recherche actuelle. Dans le même esprit, participer à la diffusion des connaissances auprès d’un large public en créant un établissement ambitieux voué au vitrail (collections, archives, création, etc.), a conduit S. Balcon, V. David et M. Hérold à s’investir dans le conseil scientifique de la future « Cité du vitrail ». L’ouverture de cette Cité, où la diffusion de la recherche tiendra une part essentielle, est prévue en 2016 à Troyes dans les bâtiments de l’Hôtel-Dieu (propriété du conseil général de l’Aube). Dans la continuité de cet événement pourrait être organisé dans la ville le XVIIIe colloque international du Corpus vitrearum.

Juillet 2012

 

Membres rattachés au thème

Enseignants-chercheurs de l’université Paris-Sorbonne

Sylvie Balcon-Berry (MCF)
Basile Baudez (MCF)
Sabine Berger (MCF)
Jérémie Cerman (MCF)
Alexandre Gady (PR)
Emmanuel Lurin (MCF)
Jean-Baptiste Minnaert (PR)
Dany Sandron (PR)

Chercheurs du CNRS

Hervé Brunon (DR)
Stéphane Castelluccio (CR)
Antonella Fenech Kroke (CR)
Jérémie Koering (CR)

Conservateurs du patrimoine du MCC

Catherine Gros (CCP)
Michel Hérold (CGP)
Élisabeth Pillet (CP)

ITA du CNRS

Karine Boulanger (IE)
Béatrice Coquet (IE)

Professeurs émérites Paris-Sorbonne

Jean-Yves Andrieux
Jean Guillaume
Fabienne Joubert
Claude Mignot

Membres honoraires

Jean-Pierre Blin (CGP MCC)
Françoise Boudon (IR CNRS)
Martine Callias Bey (IE MCC)
Monique Chatenet (CCP MCC)
Véronique David (IE MCC)
Benoît Dufournier (IE MCC)
Françoise Gatouillat (IR MCC)
Claudine Lautier (CR CNRS)
François Loyer (DR CNRS)
Monique Mosser (IE CNRS)

Doctorants : liste en formation

Virginie Abriol, Adrián Almoguera, Patrick Bordeaux, Emmanuelle Bordure, Anaïs BornetCamilla CeccottiSung Moon ChoMaxime Decaudin, Jacky Fonteneau, Simon Gautier, Marie HéraultEmeline Houssard, Ela Kowalska, Mathieu LejeuneCécile Lestienne, Jonathan Lévy, Pauline MouréRaluca MuresanLéo Noyer-DuplaixMarjorie OccelliNathalie PascarelYvon PlouzennecXavier Regnault de PrémesnilRomain RemaudMélanie Salitot, Nizza Santiago Burgoa, Alexandra SotirakisOlivier Vayron.

Chercheurs associés : liste en formation

Iliana Kasarska :