Aller au contenu principal Aller au menu Aller à la recherche

AddToAny share buttons

L'Invention de la Sainte Russie. L'idée, les mots, les images

Numéro spécial des « Cahiers du monde russe »
Wladimir Berelowitch et Olga Medvedkova (dir.)
2013
Cahiers du monde russe, 53/2-3, avril-septembre 2012 [paru en 2013], p. 289-409.
ISBN
978-2-7132-2391-4
ISSN
1252-6576

Textes réunis par Wladimir Berelowitch et Olga Medvedkova

 


Les auteurs de cet ouvrage collectif se sont efforcés de saisir la notion de « Sainte Russie » dans sa longue durée. Bien avant son apparition dans les textes au XVIe siècle, elle faisait déjà partie de la tradition médiévale d’un transfert de sainteté, à partir des lieux saints (Jérusalem, Rome, Constantinople) vers le nouveau pays chrétien. Après la chute de Byzance en 1453, ce transfert prit en Russie une tournure particulière de sorte que, dès le XVIe siècle, un durcissement idéologique conduisit les élites ecclésiastiques et politiques russes à mettre en place un système de protection contre le monde catholique et protestant. Cela provoqua une « second schisme » de la chrétienté, bien plus important pour la Russie que ne le fut celui de 1054.
Le XIXe siècle fut un autre grand moment d’épanouissement de la « Sainte Russie », lorsqu’une partie de la société cultivée opéra, en imitant et en amplifiant l’expérience des nationalismes européens, un retour vers le Sacré, voyant dans la Russie médiévale un État et une société chrétiens ayant conservé la tradition la plus ancienne, donc la plus pure : celle de l’Église d’Orient.
Cette idée – inspiratrice d’œuvres artistiques et littéraires, ainsi que de constructions idéologiques – se réalisa également dans des recherches savantes. Les antiquités chrétiennes collectées (manuscrits, icônes, objets liturgiques) se transformèrent dès lors en objets historiques. Ce fut, ensuite, l’élaboration des outils conceptuels, des méthodes et du vocabulaire, qui devait permettre à ce nouveau domaine d’intégrer le concert des disciplines historiques.
Enfin, la découverte esthétique allait renouveler le sujet : au début du XXe siècle, qui marque le terme de cette enquête, l’invention de l’art russe médiéval se fit en écho à la passion pour les Primitifs en Europe, en prévision des primitivismes d’avant-garde.