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Intermédiaires ?

Les femmes dans les sphères artistiques, entre actions et contraintes (XVIIe-XVIIIe siècles)
Georg Christoph Kilian, La loterie, mezzotinte et eau-forte, 2nde moitié du XVIIIe siècle, British Museum, Department of Prints and Drawings, H. : 35 cm ; L. : 45,3 cm (Image modifiée par Alexandre Gabens), © The Trustees of the British Museum
Appel à contribution
Du Jeudi 29 septembre 2022 au Mardi 31 janvier 2023 de 00h00 à 23h59

Depuis de nombreuses années, les expositions consacrées aux femmes artistes renouvellent le regard porté sur les femmes comme actrices de l’art. Elles réinterprètent ainsi la question volontairement provocatrice posée en 1971 par Linda Nochlin : « Pourquoi n’y-a-t-il pas eu de grands artistes femmes ? ». Si les travaux amorcés par cette question ont permis de mettre en lumière nombre de figures féminines de l’art, le rôle des femmes comme intermédiaires au sein des différentes sphères artistiques est beaucoup moins l’objet de l’attention des historiennes et historiens de l’art. Un ouvrage très récent (F. Duhautpas, C. Foucher Zarmanian, H. Marquié, 2022) a ouvert une voie en explorant, principalement pour les XIXe-XXe siècles, le rôle des femmes comme médiatrices des arts. Il nous apparaît tout aussi fécond d’appliquer cette interrogation aux deux siècles précédents. En effet, la période moderne correspond à un moment charnière de développement du marché de l’art européen s’accompagnant d’une croissance spectaculaire du nombre d’intermédiaires dans ces réseaux. Définis en 1987 comme « l’ensemble des individus qui assument des responsabilités entre les individus – présents ou passés – et le public [...] » (A. Chastel et K. Pomian, 1987), les intermédiaires ont bénéficié depuis lors d’un intérêt continu en histoire de l’art. Pour autant, la place et le rôle des femmes non-artistes au sein des « mondes de l’art » (H. Becker, 1982) de la première modernité restent à (d)écrire et la notion d’intermédiaire doit désormais se décliner au féminin.

En partant du postulat que les femmes ont su élaborer des stratégies d’actions en dépit des contraintes imposées par les lois et les mœurs, nous souhaitons questionner leur insertion dans un système en apparence discriminant. Qu’elles soient collectionneuses, amatrices éclairées, critiques d’art, marchandes mercières, restauratrices, éditrices, négociantes de tableaux, d’estampes, colporteuses, comment ont-elles contourné ou surmonté les obstacles imposés à leur sexe pour exercer ces différents rôles dans les sphères artistiques entre les XVIIe et XVIIIe siècles ? Ces obstacles sont-ils identiques pour toutes ? Comment leur agentivité leur permet elle d’exercer un rôle et d’assumer des responsabilités entre le public, l’oeuvre et l’artiste ? Ces parcours de femmes intermédiaires sont-ils des exceptions dans un monde d’hommes ou ne forment-ils pas une population invisibilisée par les sources et la norme  ? Que nous apprennent leurs succès et leurs échecs sur les dynamiques socio-culturelles et institutionnelles à l'oeuvre dans ces sociétés ? Cette journée souhaite également embrasser la place des femmes au sein de réseaux dans une perspective horizontale (corporations, salonnières, etc.) et verticale (mécènes, « femmes de », etc.). Ces questions invitent les chercheuses et les chercheurs à s’inscrire dans les méthodes développées par les études de genre qui encouragent la pluridisciplinarité, plus à même d’ouvrir des perspectives nouvelles tant en histoire de l’art que dans les autres disciplines des sciences humaines (histoire, sociologie, économie, droit, philosophie, lettres, musicologie, etc.). Seul un tel croisement permet d’appréhender la difficulté majeure de ce sujet : la pauvreté documentaire.

La présente journée d’étude aura pour objectif de dresser un état de la question pour la période moderne et ce dans différentes sphères artistiques (beaux-arts, arts décoratifs, critique d’art, musique, littérature, etc.). Dans la continuité des travaux qui éclairent la présence des femmes dans les milieux artistiques, il s’agirait de présenter des parcours féminins ou des études réticulaires pour les XVIIe et XVIIIe siècles. Loin de vouloir élaborer un discours qui placerait ces figures féminines en marge des réseaux de productions artistiques, les communications intègreront ces parcours spécifiques comme parties prenantes de ces sphères car indispensables à leurs bons fonctionnements.

Modalités de soumission

Les propositions de communication (entre 400 et 500 mots) doivent être envoyées, accompagnées d’une courte biographie à l’adresse suivante : femmes [dot] intermediairesatgmail [dot] com (femmes[dot]intermediaires[at]gmail[dot]com). La date limite d’envoi est fixée au 31 janvier 2023 (inclus). Les candidat.e.s seront informé.e.s au plus tard de leur sélection au 31 mars 2023. Ces communications pourront se faire en anglais et en français dans la limite impartie de 20 minutes et seront suivies d’échanges avec le public. La journée d’étude est ouverte à tous.tes les chercheur.es, tous statuts et disciplines confondus. Une aide de mobilité pourra être accordée aux étudiant.e.s (hors Île-de-France) en fonction des fonds disponibles.

La journée d’étude aura lieu le jeudi 8 juin 2023 à l’Institut national d’histoire de l’art, au centre André-Chastel (2 rue Vivienne, 75002 Paris).

Bibliographie indicative

BEAUVALET-BOUTOUYRIE Scarlett, Les femmes à l'époque moderne (XVIe -XVIIIe siècles), Paris,
Belin, 2003.

BUGNON Fanny, CARRIBON Carole et al., Réseaux de femmes, femmes en réseaux (XVIe-XXIe
siècles)
, Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux, 2017.

CHASTEL André et POMIAN Krystof, « Les intermédiaires », Revue de l’art, n° 77, 1987, p. 5-9 [en
ligne : https://www.persee.fr/doc/rvart_0035-1326_1987_num_77_1_347645]

CLARK Alice, Working Life of Women in the Seventeenth Century, 2nde éd., London, 1982.

DALY GOGGIN Maureen et FOWKES TOBIN Beth (éd.), Women&Things. 1750-1950. Gendered
Material Strategies
, Burlington, Ashgate, 2009.

DOUSSET Christine, « Commerce et travail des femmes à l’époque moderne en France », Les
Cahiers de Framespa
, 2, 2006, Journée d’étude sur « Nouvelles approches historiques du travail » –
Framespa, équipe production, 14/04/05 [en ligne : https://journals.openedition.org/framespa/57].

FONTAINE Laurence, « Espaces économiques féminins et crédit », L’économie morale. Pauvreté,
crédit et confiance dans l’Europe préindustrielle
, Paris, Gallimard, 2008, p. 134-163.

FOUCHER ZARMANIAN Charlotte, MARQUIÉ Hélène, DUHAUTPAS Frédérick, Médiatrices
des arts : pour une histoire des transmissions et réseaux féminins et féministes
, Nanterre, Presses
universitaires de Paris Nanterre, 2022.

GODINEAU Dominique, Les femmes dans la société française. 16e-18e siècles, Paris, Armand Colin,
2003.

LAWRENCE Cynthia (éd.), Women and Art in Early Modern Europe. Patrons, collectors and
connoisseurs
, Pennsylvania, The Pennsylvania State University Press, 1997.

LESPAGNOL André, « Femmes négociantes sous Louis XIV. Les conditions complexes d'une
promotion provisoire », dans Populations et cultures. Études réunies en l'honneur de François Lebrun, Rennes, Amis de François Lebrun, 1989, p. 463-470.

NOCHLIN Linda, “Pourquoi n’y a-t-il pas eu de grands artistes femmes ?”, Londres, Thames &
Hudson, 2021 (Première éd. 1971).

OGILVIE Sheilagh, « Guilds and Women », The European Guilds. An economic Analysis, Princeton
University Press, Princenton, 2019.

Comité organisateur

  • Natacha Aprile (Natacha APRILE | Centre André-Chastel (paris-sorbonne.fr) - EHESS)
    Maxime Bray (Maxime BRAY | Centre-André Chastel (paris-sorbonne.fr)
    Défendin Détard (Défendin DÉTARD | Centre André-Chastel (paris-sorbonne.fr)

Comité scientifique

  • Christine Gouzi, professeur en histoire de l’art moderne, Sorbonne Université (Christine GOUZI |
    Centre André Chastel (paris-sorbonne.fr)
    Séverine Sofio, sociologue, chargée de recherche au CNRS (CRESPPA - UMR 7217 - Sofio Séverine
    (cnrs.fr)

English Version

For many years, exhibitions devoted to women artists have been renewing the way women are seen as actors in art. They thus reinterpret the deliberately provocative question posed in 1971 by Linda Nochlin: “Why Have There Been No Great Women Artists?”. While the work initiated by this question has brought to light a number of female figures in art, the role of women as intermediaries within the various artistic spheres has received much less attention from art historians. A very recent work (F. Duhautpas, C. Foucher Zarmanian, H. Marquié, 2022) has opened a path by exploring, mainly for the 19th-20th century, the role of women as mediators in the arts. It seems also relevant to apply this questioning to the two preceding centuries. Indeed, the modern period corresponds to a turning point in the development of the European art market, accompanied by a spectacular growth in the number of intermediaries in these networks. Defined in 1987 as “the set of individuals who assume responsibilities between individuals - present or past - and the public [...]” (A. Chastel and K. Pomian, 1987), intermediaries have since benefited from a continuous interest in art history. However, the place and role of non-artist women within the "art worlds" (H. Becker, 1982) of early modernity remain to be written (and described): the notion of intermediary must now explore its feminine figures.

Starting from the premise that women were able to develop strategies for action despite the limitations imposed by laws and morals, we would like to question their insertion into an apparently discriminating system. Whether they were collectors, enlightened amateurs, art critics, dealers, restorers, publishers, traders in paintings and prints, or peddlers, how did they circumvent or overcome the obstacles imposed on their sex in order to exercise these different roles in the artistic spheres of their time between the 17th and 18th centuries? Are these obstacles the same for all of them? How does their agentivity allow them to exercise a role and assume responsibilities between the public, the work and the artist? Are these intermediary women exceptions in a world of men, or do
they form a population that is invisibilised by sources and norm? What do their successes and failures tell us about the socio-cultural and institutional dynamics at work in these societies? This workshop also wishes to address the place of women within networks in a horizontal (guilds, salonnières, etc.) and vertical (patrons, “women of”, etc.) perspective. These questions invite us to follow the methods developed by gender studies, which encourage multidisciplinarity, more likely to open up new perspectives both in art history and in the other fields of the human sciences (history, sociology, economics, law, philosophy, literature, musicology, etc.). Only such a cross-disciplinary approach will make it possible to grasp the major difficulty of this subject: the lack of documentation.

The aim of this workshop will be to draw up an overview of the question for the modernperiod in various artistic spheres (fine arts, decorative arts, art criticism, music, literature, etc.). In the continuity of works that shed light on the presence of women in artistic circles, the main objective would be to present women's careers or reticular studies for the 17th and 18th centuries. Far from wanting to develop a discourse that would place these female figures on the margins of artistic production networks, we would like to integrate these specific paths as essential stakeholders to the proper development of these spheres.

Submission

Paper proposals (between 400 and 500 words) should be sent, together with a short biography, to the following address: femmes [dot] intermediairesatgmail [dot] com (femmes[dot]intermediaires[at]gmail[dot]com). The deadline for submission is 31 January 2023 (included).

Applicants will be informed of their selection by 31 March 2023 at the latest. The papers may be presented in English and French within the 20-minute limit and will be followed by an exchange with the public. The study day is open to all researchers, regardless of status or discipline. Mobility assistance may be granted to students (from outside the Ile-de-France) depending on the funds available.

The study day will take place on Thursday 8 June 2023 at the Institut national d'histoire de l'art, at the André Chastel Centre (2 rue Vivienne, 75002 Paris).

Organizing committee

  • Natacha Aprile (Natacha APRILE | Centre André Chastel (paris-sorbonne.fr) - EHESS)
    Maxime Bray (Maxime BRAY | Centre André Chastel (paris-sorbonne.fr)
    Défendin Détard (Défendin DÉTARD | Centre André Chastel (paris-sorbonne.fr)

Scientific committee

  • Christine Gouzi, professor in pre-modern Art history, Sorbonne University (Christine GOUZI | Centre André-Chastel (paris-sorbonne.fr)
    Séverine Sofio, sociologist, searcher for CNRS (CRESPPA - UMR 7217 - Sofio Séverine (cnrs.fr)